Pour les deux lectricess de ce blog, dont moi, je vous rappelle l'idée d' #ECRIVONS : Ecrire !
Mais quelle originalité Cécile ...
N'empèche, j'en suis à la 9ème édition, et si vous avez lâché l'affaire, moi je m'accroche.
A chaque fois, vous avez la gentillesse de me proposer des mots pour nourrir la contrainte.
Cette fois-ci j'y ai joint 2 photos très "nature".
Donc l'idée est d'écrire, sans prise de tête, sans se juger.
La contrainte des mots et des photos aide à créer plus qu'elle ne bloque en général.
Si elle bloque ?
On passe au mot suivant, ça doit rester du plai-sir.
J'écris depuis mon téléphone ou mon PC, sur mon Drive.
Cela me permet d'écrire n'importe où, n'importe quand, en espérant que ça ne soit pas n'importe quoi !
A vous de me le dire.
En attendant, voici le neuvième chapitre de la vie de Jeanne, j'espère qu'il vous plaira.
Jeanne lézarde au soleil. Elle s’étire avec volupté, savourant cette douceur printanière.
Elle a du mal à réaliser qu’hier encore elle était à Tours. Désormais son quotidien s’écrit à Ouistreham. Elle ne peut retenir cette onde de mélancolie qui l’envahit.
Elle a laissé derrière elle la vie qu’elle avait construite avec Éric. Leur nid douillet, qui a vu grandir leur fille Rebecca, accueille désormais un jeune couple. Celui-ci va écrire une nouvelle page de cet appartement qui a abrité tant d’amour. Hasard de la vie, la jeune femme va prendre le poste que Jeanne vient de quitter. Mais le hasard existe-t-il vraiment ?
Depuis son arrivée à Ouistreham, Jeanne loge chez sa sœur Marine, mais elle a hâte d’avoir son chez elle, même si elle adore sa frangine. Elle attend sur ce banc, devant le Casino, face à la Manche, l’agent immobilier qui semble lui avoir posé un lapin.
« Est-ce moi qui ai fait une bêtise en notant une heure erronée » s'inquiète-t-elle ?
Jeanne n’a pas le temps de profiter plus longtemps de la belle énergie que lui offre cette lumière printanière. L'agent immobilier l'apostrophe « Bonjour, Jeanne, je suis Noël LUTIN, si nous allions visiter cet appartement ? ».
« Il se situe avenue de la mer, nous pouvons y aller à pied, c’est à quelques rues d’ici. »
Jeanne reste muette, intimidée par cet homme souriant et athlétique. Éric a été son seul amour, elle se sent un peu gauche face à l’agent immobilier qui ne lui est pas indifférent.
« J’ai cru comprendre que vous arriviez dans notre belle ville ? Vous allez vous y plaire et ce luxe d’être en bord de mer, ça n’a pas de prix ! ».
« Oui, c’est tellement apaisant. Mais ça manque de verdure à mon goût ! » minaude Jeanne.
« Rassurez-vous, le Calvados regorge de parcs et jardins luxuriants, parfaits pour se ressourcer ! Allons y, je suis désolé de vous presser mais j’ai une autre visite après la vôtre ! ».
La découverte de l’appartement ravit Jeanne. Il se situe dans une rue très commerçante, au deuxième et dernier étage d’un petit immeuble. Il est baigné de lumière. « Ce sera l’endroit idéal pour écrire un nouveau chapitre de mon histoire » se murmure-t-elle. En découvrant les commerces présents au pied de son immeuble avant d’y entrer : une mercerie et une librairie, elle n’avait déjà plus de doute. Cet appartement lui était destiné !
Une malice d’Eric ? Jeanne n’a jamais cru au surnaturel. Affreusement cartésienne, elle a toujours été très terre à terre. La boule de cristal, les tarots et les tables qui tournent, très peu pour elle. Mais depuis le décès de l’homme de sa vie, elle se surprend à voir des signes à profusion.
« J’ai été très heureux de faire votre connaissance Jeanne ! ».
Noël Lutin la sort de ses réflexions.
« Je vous laisse voir avec l’agence afin de mettre en place le bail. J’espère avoir le plaisir de vous revoir ! ».
« Certainement plus tôt que prévu, ma fille vient également s'installer à Ouistreham, elle aura besoin de vos services » balbutie Jeanne, craignant de se montrer trop entreprenante.
« Avec plaisir, j’attends votre appel dans ce cas ! » s’époumone Noël déjà au bout de la rue, courant vers son prochain rendez-vous.
« Non mais quelle empotée je fais, on dirait une ado pré- pubère ! » ironise-t-elle.
Pour se donner contenance, elle décide de rentrer dans la librairie qui répond au joli nom d’ « Esperluette ». Après y avoir flâné un bon moment et résisté à l’achat des trois quarts du stock, elle choisit un livre pour Marine, clouée au lit par une laryngite. Un bon roman d’aventures comme celles qu’à vécu sa petite sœur avant de s’enraciner ici.
Elle est tellement reconnaissante à Marine de lui tenir la main dans cette période de sables mouvants.
Perdre Éric, quitter son job, vendre leur appartement pour démarrer une nouvelle vie ici. Jeanne a un léger vertige en se remémorant tout ce qu’elle traverse depuis un an.
Elle sent tout d’un coup une main se poser délicatement sur son épaule.
« Tout va bien Madame ? » lui demande une jeune femme aux nattes et à la frimousse de Fifi Brindacier.
« Je tiens la mercerie. Je posais du produit anti-corrosif sur mon rideau métallique quand je vous ai vu tanguer ! Venez vous asseoir et boire un peu d’eau pour vous remettre ».
Jeanne est au paradis. Tissus, laine et passementerie. Livia, la mercière tout sourire, complète agréablement le tableau.
« Je suis désolée de vous avoir fait peur. Ma vie est un tourbillon depuis un moment, il m'arrive de vaciller. J’aurais pu plus mal tomber remarquez, je suis une amoureuse des belles matières et je pense que je vais me régaler chez vous » débite Jeanne sans respirer.
Livia rit tant les mots de Jeanne sont en totale contradiction avec sa mine de papier mâché ! Livia se promet de redonner de la couleur à cette belle femme qui semble s’ignorer. Livia est un peu magicienne à ses heures perdues, elle n’aime rien tant que de mettre du baume au cœur de ses clientes ! Jeanne semble ressentir les bonnes ondes de la Mercerie, elle se promet d’y venir souvent.
Encore une belle rencontre. Une énième malice d’Eric ?
Jeanne reprend le chemin de chez Marine. Demain elle commence son parcours de formation afin d’aider sa sœur à gérer leur bébé commun, le Tiers Lieu qu’Eric a financé.
Mais avant ça, ce soir, elles reçoivent leur cousin Marc. Marine n’est pas en état de préparer le repas, il va falloir qu’elle s’y colle. Elle se demande bien de quoi ils vont pouvoir parler. Marc a laissé toute sa famille sans voix en annonçant qu’il quittait son job de trader pour entrer au séminaire. Surtout ne pas faire état des malices d’Eric, ne pas passer pour une illuminée !
Jeanne se surprend à sourire de bon cœur, malgré tout.
Est-ce cela le chemin de la résilience ?
Ne rien oublier mais avancer malgré tout ?